June est complètement accroc à la cigarette. Elle a essayé diverses méthodes pour tenter d'arrêter de fumer mais sans succès. Pour son travail, elle fait toujours en sorte de masquer son haleine de cendrier au moyen de chewing-gum parfumé à la menthe. Ҩ June a toujours été très mince, ce qui a longtemps été un sujet de moqueries durant son enfance. Contrairement aux femmes qui se plaignent de leurs rondeurs, June a plutôt tendance à mal assumer son allure élancée. Ҩ La jeune femme a toujours fait énormément de cauchemars. Elle a le sommeil très agité et passe rarement de bonnes nuits. Elle a également du mal à dormir seule, même malgré toutes ces nuits passées dans un grand lit vide. Ҩ June a la peau très sensible et la moindre pression peut lui laisser d'imposantes marques rouges durant plusieurs heures. Ҩ June souffre de migraines atroces et récurrentes, au point d'en vomir parfois. Suite à cela, elle est devenue assez sensible à la lumière. Seule la codéine, qu'elle prend parfois un peu trop facilement, peut la soulager efficacement. Ҩ La mère et la soeur de June vivent à Riverton mais la jeune femme ne les fréquente plus depuis près de deux ans. Elle ne veut plus avoir aucun contact avec elles et elle s'est toujours arrangée pour ne pas tomber sur elles dans la rue en évitant tous les lieux qu'elles fréquentaient autrefois. Ҩ June donne difficilement sa confiance à un homme. Déçue par son père et par l'homme qu'elle considérait comme son âme-soeur, elle n'envisage plus vraiment d'avoir un jour une véritable relation amoureuse durable. Ҩ June ne se définit pas comme étant bisexuelle mais elle ne crache jamais sur une jolie fille. Cependant, elle se montre assez discrète de ce côté. Ҩ La jeune femme sait se montrer très à l'aise en public et n'a aucun mal à entamer une conversation, même avec un strict inconnu, ce qui lui facilite énormément les choses pour son travail. Ҩ June cuisine très bien. C'est un véritable cordon-bleu.
 

RIVERTON, 2008.
Lorsque les ronflements du prof de mathématiques couvrirent le silence qui s'était installé sur le campement, je me décidai à m'extirper de mon sac de couchage pour partir à l'aventure. En essayant de ne pas réveiller Alice, je me glissai hors de la tente, serrant dans ma main droite mon précieux paquet. De l'autre main, j'allumai mon briquet et suivis le chemin que la flamme éclairait devant mes yeux. Je tentai de ne trébucher sur aucune tente et de m'éloigner suffisamment du campement pour pouvoir (enfin) me griller une clope tranquille. Une fois à l'abri des regards, je posai mes fesses sur une souche et sortis une cigarette de mon paquet. Je la bloquai entre mes lèvres, l'allumai et inspirai une profonde bouffée de nicotine. Qu'est-ce que ça faisait du bien, bon sang... Je serais restée là des heures, sous le ciel étoilé, si ça avait été possible. J'étais sur le point de tirer ma dernière bouffée lorsqu'un faisceau de lumière plus qu'éblouissant se braqua sur moi. Je sursautai et le mégot tomba silencieusement à mes pieds. Je tournai la tête vers la source de lumière en plissant les yeux, incapable de distinguer l'ombre qui s'avançait vers moi. « On peut savoir ce que tu fais debout à cette heure-ci ? » bougonna cette voix que je ne reconnaissais guère. « J'avais des besoins naturels à satisfaire. » mentis-je. L'inconnu se décida enfin à baisser sa lampe torche et je constatai - avec soulagement, je devais l'avouer - que ce n'était pas un prof qui m'avait prise la main dans le sac. « Et depuis quand on a besoin d'un paquet de clopes pour aller pisser ? » me lança Dan en ricanant. Je fronçai les sourcils. J'étais plus que contrariée par le fait d'être en position de faiblesse face à ce type que je connaissais à peine. Puis, qu'est-ce qu'il me voulait, au juste ? « Qu'est-ce que tu veux ? » rétorquai-je sur un ton froid, ce qui élargit d'autant plus le sourire de Dan. « Je ne dirai rien si tu me files une clope. » lâcha-t-il après un moment de silence, comme pour faire durer le suspense. Je le dévisageai de la tête au pied. Il semblait de bonne foi, même si je ne le connaissais pas vraiment. Il venait d'arriver dans ma classe il y a quelques semaines et avant aujourd'hui, il ne m'avait jamais adressé la parole. « Ça marche... » soufflai-je en lui tendant l'une de mes cigarettes. Il la saisit en effleurant mes doigts et j'eus un frisson. Aussitôt, je sentis le rouge me monter aux joues. Je détournai immédiatement le regard pour qu'il ne le remarque pas. À cette époque, je n'aurais jamais imaginer ce qui arriverait par la suite...

RIVERTON, 2010.
« Dan, dis-moi où tu m'emmènes ! » m'écriai-je sur un ton surexcité. Cela devait faire presque deux heures qu'on roulait et j'en avais plus qu'assez d'attendre. Surtout qu'avec ce fichu bandeau sur mes yeux, je ne pouvais avoir aucun indice. « C'est une surpriiiiiise ! Alors sois un peu patiente, tu sauras bientôt. » lâcha-t-il sur un ton emprunt d'enjouement. Je devenais folle. Ma curiosité me torturait de plus en plus et je commençai à avoir du mal à rester en place dans mon siège. Au bout d'un quart d'heures, la voiture s'arrêta enfin. Je sentais que la fin de mon calvaire était proche. Je voulus enlever mon bandeau mais Dan le repositionna aussitôt à sa place initiale. Je soupirai. Il descendit du véhicule pour venir m'ouvrir la portière et me prendre le bras. Il se mit à me guider et je sentis des feuilles m'effleurer les bras. Je devinai que nous étions dans les bois mais je ne voyais absolument pas ce que nous aurions pu faire ici. « Dan... Tu ne comptes quand même pas m'enterrer dans les bois, dis-moi..? » lui susurrai-je en mimant le ton de l'inquiétude. « Si tu continues à me harceler de questions, il se pourrait que ça arrive... » lâcha-t-il d'un ton ferme. Si ferme que je n'osais plus rien dire, jusqu'à ce qu'il m'autorise à m'asseoir sur je-ne-sais-trop-quoi. Il passa alors derrière moi et souleva enfin mon bandeau. Mes yeux mirent quelques secondes pour s'adapter à nouveau à la lumière de jour. Puis, je compris où nous étions. « Je ne sais pas si tu te souviens... Mais c'est ici que nous nous sommes parlés pour la première fois, pendant le campement organisé par le lycée. » Je hochai la tête d'un air bête, ne voyant pas trop où il voulait en venir. Alors il se mit à genoux et sortit une boîte de sa poche. Je déglutis. « J'ai choisi cet endroit parce que c'est ici que j'ai pris une décision qui a changé toute ma vie. Et je veux en prendre une deuxième en ce même lieu... » Mes yeux ne cessaient de faire des allers et retours incessants entre le regard de Dan et la petite boîte qu'il me tendait. Il l'ouvrit et c'est une bague que je découvris dans l'écrin. Mon coeur manqua un battement et mon souffle s'arrêta net. « June, veux-tu m'épouser ? »

RIVERTON, 2012.
Je regardai les gouttes de pluie s'écraser par centaines sur la vitre de la fenêtre. De gros nuages noirs obscurcissaient le ciel. Ce soir, il allait sûrement y avoir de l'orage. Je tirai le rideau, me dirigeant vers la cuisine, lorsque la sonnette retentit dans tout l'appartement. Je fis demi-tour pour m'avancer vers la porte et jeter un coup d'oeil dans le judas. Ma soeur se tenait sur le pallier, complètement trempée. J'ouvris aussitôt, m'effaçant pour la laisser entrer. « Lou ? Qu'est-ce qu'il se passe ? » lui demandai-je en découvrant sa mine déconfite. Son maquillage avait coulé le long de ses joues, sans que je sache si c'était uniquement à cause de la pluie ou des larmes. Mais pourquoi aurait-elle pleurer ? Morte d'inquiétude, j'avançai ma main vers son épaule, pressant légèrement sa chair entre mes doigts. « Ne reste pas sans rien dire, ça m'inquiète... » Lou releva enfin la tête vers moi et poussa un long soupir. Puis son regard évita à nouveau le mien. « On peut s'asseoir..? » me demanda-t-elle. Je hochai précipitamment la tête. Je la guidai vers l'un des fauteuils du salon, dans lequel elle se laissa tomber. Je m'assis en face d'elle, ne sachant trop quoi faire. Une larme roula sur sa joue et je la vis grimacer pour retenir un sanglot. « Tu veux que je te laisse un peu seule..? Tu veux boire quelque chose le temps de te reprendre ? » Elle hocha la tête. Je me contentai de cette réponse pour me lever et me diriger vers la cuisine. Je lui préparai sa boisson préférée, un chocolat chaud, puis je revins dans le salon. Je déposai la tasse sur la table basse avant de me rasseoir dans mon siège. « Tu veux te changer ? » Elle secoua doucement la tête, réprimant un sanglot. « J'ai quelque chose à te dire, June. Je ne peux plus garder ça pour moi même si je suis quasiment certaine que tu ne voudras plus jamais me parler après ça... » Je haussai les sourcils, complètement décontenancée par cette déclaration. Je ne voyais pas du tout ce que Lou insinuait par là. Elle avait toujours tendance à en faire trop mais là, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer le pire. « Tu n'en fais pas trop, Lou ? Tu sais, je ne vais pas t'en vouloir jusqu'à ta mort si tu as perdu la nouvelle veste que je t'ai prêtée la semaine passée... » soufflai-je sur le ton de l'humour mais Lou ne broncha pas. « Non, June, c'est vraiment important... » Je m'enfonçai dans mon siège, pressant les accoudoirs entre mes doigts. Lou évitait toujours mon regard. « C'est à propos de Dan... » finit-elle par lâcher. Mon coeur manqua un battement. Par réflexe, je me mis à tripoter ma bague de fiançailles. « Comment ça ? Il est arrivé quelque chose ? » m'écriai-je, le souffle court. Lou se mit alors à sangloter silencieusement, sans rien dire. « Mais réponds-moi, à la fin ! » hurlai-je. Lou s'essuya le visage. « Je... Nous... » hoqueta-t-elle. « Dan et moi, on a... On a couché ensemble, June. » Mon visage se décomposa en quelques secondes. Je n'étais pas sûre d'avoir bien compris ce qu'elle venait de me dire et pourtant, j'avais bien entendu. « Quoi..?! » sifflai-je les mâchoires serrées. « Je... Je suis désolée. Je ne peux même pas te dire que ça a été une erreur d'un soir parce que... Parce que ça dure depuis quelques semaines et... Et je ne pouvais plus le garder pour moi, June. Je t'en supplie, pardonne-moi. » Les larmes me montèrent aux yeux et mes joues devinrent rouges de colère. Mon coeur se décrocha d'un seul coup dans ma poitrine et je me sentis vide de toute émotion, seulement remplie de rage. Je détournai le regard. « Va-t-en. » soufflai-je. « Non, June, laisse-moi t'expliquer s'il te plaît... » Dans un élan de colère, je saisis la tasse qui se trouvait sur la table basse et je jetai le chocolat brûlant sur Lou. Elle lâcha un gémissement de douleur avant de se lever et de s'avancer vers la porte. Elle mit quelques secondes avant de sortir. Une fois la porte de l'appartement refermée, je fondis en larmes.