Ce n'était pas le réveillon en lui-même que Wood détestait...certes, la recherche de cadeaux s'apparentait à un calvaire insurmontable pour elle et le lait de poule avait tendance à la rendre malade. Mais techniquement parlant, elle n'avait absolument rien contre la fête de noël. En vérité, ce qui l'insupportait de plus en plus, c'était le déroulement même de ces festivités, qui prenait toujours la même tournure catastrophique. Réunir sa famille sous un même toit et ce, quelque soit l'occasion, aboutissait trois fois sur cinq par un cas d'hystérie collective, et se concluait par des insultes (parfois gratuites, parfois non), des pleurs, des secrets révélés (et dont tout le monde se serait bien passé) et de touchantes réconciliations qui duraient jusqu'à la prochaine réunion. Et malgré le sourire avenant qu'elle s'était forcée à afficher pendant toute la durée du repas, Wood savait pertinemment que ce soir non plus, elle n'échapperait pas à tout ce cirque.
Autour de la table, se tenaient : ses quatre tantes et leurs névroses respectives, leur maris, ex-maris et parfois nouvelles compagnes, la ribambelle de cousins qui allaient du petit génie en math à l'ancien taulard fraîchement libéré, ses beaux-pères successifs et autres petits copains qui avaient eu le cœur brisé par sa mère, son propre mari et en bout de table, sa grand-mère qui commençait à être lassée de tout ce charivari.
La blonde, qui sentait la tension montée depuis un moment, eu le bon sens de s'éclipser juste avant le début des hostilités, prétextant un envie soudaine et pressante. A peine eut-elle tourné les talons, qu'elle entendit les premiers cris fuser, maudissant ainsi sa sœur qui une fois de plus, avait réussie à échapper à ce calvaire familiale. Très vite, la jeune femme trouva refuge dans son ancienne chambre de gamine où, l'attendait soigneusement une bouteille de vin qu'elle avait apporté en prévision des événements. Ce n'était pas qu'elle ne supportait pas sa famille...c'était que plus le temps passait, plus la vie lui rappelait qu'elle avait été élevée par cette bande de boulet en puissance ce qui par association, faisait d'elle...un boulet en puissance également.
Pendant longtemps pourtant, elle avait cru être à elle-seule, l'image la plus reluisante du clan Maeberton : Présidente du club de charité au lycée, des notes exemplaires en sortant de l'ucla, un job qu'elle adorait et dans lequel elle excellait et surtout, un mariage qui aurait pu être parfait...si elle ne s'était pas évertuée à le détruire à peine sa robe de mariée enfilée.
-Wood ?? Où tu es ? On va avoir besoin de toi en bas, tante Mabel a kidnappé la dinde et a menacé de...Ah, tu es là ! Lança sa moitié dans l'encadrement de la porte.
Que...qu'est ce que tu fais ?-Je bois du vin.-Tu bois du vin ?-Ouep !-Tu veux dire que je te cherche depuis dix minutes pour que tu m'aides à régler le foutoir que c'est en bas...Et depuis tout ce temps, toi t'es là, à te saouler toute seule ?-Ouep !-...Okay, fais-moi une place. Déclara-t-il avant de fermer la porte et de la rejoindre dans sa beuverie solitaire. Un lourd silence s'installa alors entre eux, parfois ponctué par les bruits de vaisselles cassés qui s'élevaient du rez-de-chaussé. Ils buvaient dans le mutisme le plus complet, prenant bien soin de regarder droit devant eux, presque imperméable chacun à la présence de l'autre.
-Je veux divorcer Clyde! Fini-t-elle par lâcher dans une voix pleine de désespoir.
-...Je sais. *
-Comment est ce que tu as pu, Wood ?-Je suis désolée...j'avais une réunion importante et...-Une réunion importante ?? Tu te fous de moi ?? J'étais à l'autre bout de la terre mais j'ai réussi à être présente !-Écoutes...-Mais toi, toi t'as même pas pu faire le voyage New York-Riverton pour l'enterrement de grand-mère...et la seule excuse que tu trouves à me donner c'est que tu avais une réunion??? Est ce que tu te fous de moi ? Wood tenait son portable à quelques centimètres de son oreille, moyennement sûre que la technique empêcherait les hurlements de sa sœur de lui perforer le tympan. Elle essayait d'ignorer les passants qui ne se gênaient absolument pas pour la regarder d'un œil mi surpris, mi curieux. Mais étrangement, c'était ce qu'il y avait de bien à New York: Contrairement à Riverton, les chances d'y recroiser les gens sur qui on tombait dans la rue étaient très minces. Elle pouvait donc se faire passer un savon téléphonique par Ava sans que le club des quadragénaires du coin n'en fasse leur nouveau sujet de débat.
Elle avait déménagé peu après un divorce qui s'était fait dans les règles de l'art : A l'amiable, les deux partis étant trop soucieux d'en finir au plus vite avec une union qui n'avait déjà que trop durée. Ça c'était déroulé sans cris, sans pleurs, chacun concédant à l'autre ce qu'il désirait, Clyde ne souhaitant rien de plus que la maison qu'ils avaient acheter à Printer's Alley. Et c'est ainsi qu'un bout de papier mit fin à deux ans de mariage et qu'un billet d'avion débuta ce qu'elle ne tarda pas d'appeler « sa nouvelle vie ». Même si elle adorait son boulot à Riverton, une grande enseigne de vêtement en ligne lui avait offert un poste avec plus de responsabilités, un salaire plus élevé et accessoirement par un déménagement, un moyen de définitivement tourner la page.
-Je me suis excusée Ava, combien de fois il faudra que je le fasse ?-Autant de fois qu'il faudra, pour que tu comprennes que justement, tu ne peux pas continuer à chercher des excuses à tes conneries !-C'est bon, pourquoi tu en fais tout un plat comme ça ? Tu sais, je pense que la principale concernée s'en moque elle-même parce que, attends, laisse-moi me rappeler, ah oui, c'est vrai : elle est morte !!-Et tu trouves ça drôle peut être ?-Non. Tu m'énerves ! Tu me reproches de ne pas avoir été l'enterrement de notre grand-mère. D'accord, j'ai merdé je le reconnais. Mais contrairement à toi qui était trop occupée à vadrouiller je ne sais où avec je ne sais qui, j'ai été là toutes ses dernières années moi !! Alors c'est un peu facile de me lancer la première pierre!-Et voilà, c'est reparti pour un tour. Écoutes, si t'as quelque choses à me le dire, dis le moi franchement et arrête de faire passer l’égoïste que tu es pour la victime de service qui se fait tyranniser par la méchante Ava !!-Pardon ?? Attends, t'as dis quoi là ?Moi ? Égoïste ?-Ouai ! Égoïste ! Seulement tu essayes tellement de peaufiner ton image de mademoiselle perfection, que personne a le cran de te le dire !-Ah ouai ? Bah tu sais quoi ? Toi tu ressembles de plus en plus à maman !Un lourd silence résonna alors à l'autre bout du téléphone, et Wood sut exactement à ce moment là qu'elle venait de faire une grosse erreur.
Ce n'était pas qu'il y avait des tensions entre les filles et leur génitrice... D'une certaine manière, elles aimaient leur mère, et leur mère les aimaient en retour, ou du moins, elle en donnait l'air. Personne n'avait jamais réellement compris en quoi consistait le travail d' Evelyn Maeberton, ni même de quoi elle vivait. Ses propres filles avaient arrêté de chercher , espérant seulement qu'elle ne trempait dans rien de louche. Elles la voyaient trois, peut être quatre fois par an, lorsque cette dernière se rappelait de leur existence et redonnait signe de vie après des mois de silence. Avec le temps, les deux sœurs avaient fini par se rendre à l'évidence : Leur mère était une irresponsable, dans tous les sens du termes ; le genre de personne qui agissait par simple impulsion, et laissait aux autres le soins de rectifier leurs erreurs. Et les deux blondes qu'elle avait eu en était le parfait exemple. Wood était le fruit d'un mariage avec un type qu'Evelyn avait considéré comme l'amour de sa vie pendant six mois...avant de le foutre à la porte du jour au lendemain. L’amère expérience que cela avait été, ne l'avait pourtant pas empêché de reproduire exactement le même schéma avec Ava quelques années plus tard.
Dans les deux cas, elle n'avait jamais pris la peine de s'occuper de l'éducation de ses enfants. Elle avait préféré laisser se plaisir à sa propre mère, ses sœurs, son ex-compagnon et toute personne qui avait la gentillesse de porter plus d'intérêt à ses filles qu'elle-même.
-...Waouw.-Non, Ava écoutes, j'suis désolée, c'est pas ce que je...-Bye, Wood.-Ava , attends ! Ava? Ava !!! Fais chier...*
-Wood ? Je suis désolé du retard, on a eu quelques soucis au boulot ! J'espère que t'es prête pour...que...Qu'est ce que tu fais ? Elle était vautrée dans le canapé, vêtue de ce qui semblait être un pyjama et n'avait même pas pris la peine de se retourner lorsqu'il était entré dans la pièce.
-Je regardais un documentaire sur la tectonique des plaques.-Tu...quoi ?-Rooh c'est bon j'avoue, je matais les rediffusions de Real Housewives !C'était Ava qui l'avait ramenée à Riverton. Plus de grée que de force par ailleurs. « Sa nouvelle vie » comme elle disait, n'avait pas mis longtemps à prendre exactement le même chemin que la précédente : Tout était parti en vrille avant même qu'elle ait le temps de dire ouf. Quinze ans sans la moindre crise de panique et il avait fallu qu'elle en fasse une en pleine réunion. Ça avait été violent et elle avait même failli blesser sa RH.
Vu la détresse psychologique dans laquelle elle s'était retrouvée, ses employeurs n'avaient pas jugé nécessaire de lui faire un procès, même s'il était évident qu'ils ne pouvaient désormais plus la garder. Le soir même, elle avait laissé un message fort alcoolisé sur le répondeur de sa sœur qui avait rappliqué dès le lendemain.
En faisant jouer quelques relations, elle avait finit par retrouver un post chez le même webzine féminin qu'elle avait quitté deux ans plus tôt et s'était installée chez Ava, histoire qu'elle se remette sur pieds. La cohabitation, qui ne devait durer que quelques semaines tout au plus, s'était écourtée en quelques jours: Wood adorait sa sœur, elle l'aimait plus que tout au monde...mais si elle avait du rester dans le même appartement qu'elle une heure de plus, un meurtre aurait sûrement eu lieu.
Dans un moment d'errance et de déprime le plus complet, elle était allée taper à la porte de la personne qui avait toujours sût quoi faire d'elle durant ses moments là : son ex mari.
Fortuitement, elle avait appris qu'il avait revendu la maison de Printer's Alley et s'était installé en plein centre ville. Mais même si elle connaissait son adresse, elle ne s'attendait absolument pas à ce qu'il la fasse enter ou qu'il accepte de l'écouter. Dès le lendemain pourtant, elle emménageait chez lui ou plutôt « chez eux », devenant officiellement sa colocataire.
-Wood sérieusement !! L'invitation est pour huit heure et il est déjà sept heure trente ! Tu sais comment sont Terry et Gillian, ils vont nous le rappeler pendant tout le dîner si on est en retard !-Oui et ça va être particulièrement énervant! Non vraiment Clyde, ça a été le gros rush cette semaine au boulot, je suis complètement épuisée...-Tu sais quoi ?...Moi aussi. Fait moi une place ! Lâcha-t-il avant de la rejoindre sur le canapé et de s'emparer du pot de glace qui traînait sur la table basse.
-D'ailleurs, si je puis me permettre...-Tu n'aimes pas Terry et Gillian ?-Ils sont imbuvables !!-Ce n'est pas moi qui vais dire le contraire !-Alors pourquoi on les fréquente ???-Je pensais que tu les aimais bien!-Je pensais que TU, les aimais bien !Le téléphone sonna alors, tuant dans l’œuf le débat stérile qu'ils s'apprêtaient à avoir !
-On répond pas hein ? -Plutôt mourir! Lança-t-elle avant d'augmenter le son de la télé !!
-T'es pas croyable !! Dit-il alors dans un petit rire.
Wood remarqua alors que Clyde afficha une expression..une expression de douceur et de sérénité qui lui était propre. Une expression qui avait au départ charmé la jeune fille qu'elle était au moment de leur rencontre et qu'elle avait vu se faire de plus en plus rare après leur mariage, mariage qu'elle avait détruit en même temps que le cœur de l'homme à ses cotés.
Elle n'avait jamais voulu que les choses deviennent aussi horribles entre eux, elle n'avait jamais cherché à le blesser volontairement...mais avant même qu'elle ait le temps de se demander si c'était ce qu'elle désirait vraiment, ils s'étaient mariés et avaient acheter une maison à Printer's Alley. A partir de ce moment là, les disputes s'étaient enchaînés. Le moindre détail, la moindre contrariété était devenu un sujet de désaccord pour eux. Et lorsqu'elle était tombée enceinte, ça avait été la goutte d'eau qui avait fait débordé le vase. Elle était terrorisée, elle ne voulait pas d'enfant ou du moins, pas dans l'immédiat, elle ne se sentait absolument pas prête...
Peut être que si elle en avait discuté avec Clyde, ce dernier aurait été capable de comprendre. Mais elle le lui en avait parlé seulement après avoir avorté, et elle n'avait jamais pu oublier la douleur qui avait alors traversé ses yeux. Et même si c'était elle qui avait fait le premier pas, quelques mois plus tard, ils avaient tout deux compris à ce moment là que leur mariage n'avait plus aucun sens.
Accueil 
j'espère que tu vas te sentir comme chez toi 
Puis si tu as un soucis ou quoi que ce soit, n'hésite pas à faire appel à mes services belles blonde 
! Ce forum est de touuute booowté 
; ça fait un moment que j'en cherche un dans ce genre, je suis plus que contente d'être tombée dessus! J'essaye de finir ma fiche au plus vite !!
! Comme je l'ai dit plus tôt, le forum est magnifique! Je sens que je vais me plaire par ici 